13 settembre 2008

Jean-Marie Guénois: "Il Papa, amico della Francia, seduce Parigi" (Le Figaro)

Benoît XVI : «l'ami de la France» séduit Paris

Jean-Marie Guénois

La première journée de la visite du Pape a été marquée par l'échange sur la laïcité avec Nicolas Sarkozy, le discours théologique aux Bernardins et l'enthousiasme de la foule sur le parcours.

C'est un ami, un vieil ami. Pas même de trente ans, l'ami d'une vie. Vendredi matin, dans l'avion qui venait de quitter Rome pour Paris, Benoît XVI a tenu à répondre en français à quatre questions de journalistes posées préalablement par écrit. Et cet homme, toujours timide et réservé malgré trois années de pontificat, n'a pas pu cacher son émotion et sa sympathie pour notre pays : «J'aime la France». Une tonalité qui s'est confirmée, tout au long de sa première journée parisienne, où il était visiblement, chez lui, dans cette ville de Paris et dans cette France qu'il aime.

Pas de stress donc, une vraie sérénité pour ce pape de 81 ans, qui savait où il allait et qui il allait rencontrer. Une certaine forme même, le poids de la journée intense semblait à peine lui peser vendredi soir. Une vraie joie en fait : partagée lors d'un rendez-vous chaleureux à l'Élysée, joie exprimée par la foule sur les quais de Seine au passage de la «papamobile» et les jeunes sur le parvis de Notre-Dame, joie intériorisée pendant les vêpres dans la cathédrale avec le clergé. Plus sérieux, mais tout aussi sympathique, fut la grande étape du jour, le rendez-vous avec le monde de la culture au Collège des Bernardins.

Trois étapes parisiennes, donc, avant une dernière, ce matin, sur l'esplanade des Invalides où 200 000 personnes sont attendues pour la messe, Benoît XVI devant poursuivre par un pèlerinage à Lourdes jusqu'à lundi. Lourdes, justement, qui fut l'objet de «la» confidence du jour lors de l'entretien en altitude entre le Pape et les soixante-dix journalistes de l'avion papal. Il est né, a-t-il confié, le jour de la Sainte-Bernadette et entretient avec la petite voyante de Lourdes une relation spirituelle forte. On en saura plus, ce soir et demain, dans la cité mariale, véritable but de sa visite en France, son dixième voyage à l'étranger.

Que retenir, en attendant, de ces premières heures françaises ? Le discours aux Bernardins tout d'abord. Il restera dans les annales du pontificat, comme une illustration de la pensée profonde de ce pape européen. Sans parler de la réflexion qu'il aura pu susciter devant un parterre unique de personnalités, visages aux multiples facettes de la culture française. Le Pape, il faut le reconnaître, n'a pas donné dans la facilité. Il a démontré que la liberté d'esprit de la culture européenne et humaniste, était en ligne directe avec la discipline et l'étude des moines du Moyen Âge ! Ce sont eux, a-t-il affirmé, qui, par l'étude communautaire de la parole de Dieu avec une «pluralité des sens», des «interprétations», ont éloigné le «fondamentalisme» et le «fanatisme».

«La fonction irremplaçable de la religion»

De même, ces moines, ont-ils insufflé une «culture du travail», donc de la responsabilité de l'homme dans la création, qui a aussi façonné l'Europe. Reste aujourd'hui et c'est l'avertissement du Pape à réintégrer la «question de Dieu» dans la culture moderne. Non seulement parce qu'elle se pose, y compris par «l'absence de Dieu», mais aussi parce qu'elle conditionne, dans son esprit, l'avenir même de l'humanisme et donc de l'Europe. Abdiquer devant la question de Dieu serait «une capitulation de la raison».

La raison, elle, s'était invitée à l'Élysée dans l'échange de discours entre le président de la République et le Pape. Il rendait là une visite que le chef de l'État avait faite à Rome en décembre dernier et qui avait ravivé le débat sur la laïcité. Suite, donc, dans la bouche de Nicolas Sarkozy, qui a insisté sur l'actualité du concept de «laïcité positive» et dans celle du Pape qui a explicitement salué cette tentative : «Je suis profondément convaincu, a-t-il dit, qu'une nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l'importance de la laïcité est devenue nécessaire. Il est en effet fondamental, d'une part, d'insister sur la distinction entre le politique et le religieux (…) et de prendre une conscience plus claire de la fonction irremplaçable de la religion.» Mais, application pratique, avec un accent très net, souligné par Benoît XVI, sur «une avancée sournoise de la distance entre les riches et les pauvres».

L'Église pouvant «parer à l'immédiat» mais l'État, rappelle-t-il, doit «légiférer pour éradiquer les injustices». Un ensemble élyséen, enfin, tant dans le discours du président que dans celui de son hôte, inspiré et animé par la présence d'un même patrimoine, rappelé par le Pape : «Les racines de la France comme celles de l'Europe sont chrétiennes.»

La foi, justement, à l'état pur, pourrait-on dire, à l'intérieur de Notre-Dame de Paris, où Benoît XVI a célébré les vêpres avec les prêtres, les religieux et religieuses, diacres et séminaristes d'Ile-de-France. Ambiance recueillie après un parcours en «papamobile» dans un Quartier latin bondé de fidèles qui acclamaient chaleureusement Benoît XVI avec un enthousiasme et une dynamique inattendus. La foi et les racines puisque le Pape a vénéré les reliques de «la Vraie Croix et de la Couronne d'épines» avant de s'adresser à ceux qui ont donné leur vie pour le Christ sur le thème de «la joie». Il a insisté sur le sens de l'Église, «notre marche vers la cité sainte ne serait pas possible, si elle ne se faisait en Église» et sur le sens de la liturgie, «pâle reflet de la liturgie céleste» mais importante : «la beauté des rites ne sera certes, jamais assez recherchée, assez soignée, assez travaillée, puisque rien n'est trop beau pour Dieu, qui est la beauté infinie».

Une Église enfin, qui doit être ouverte à tous : «Personne n'est de trop dans l'Église, personne ! Tout le monde peut et doit y avoir sa place.» Sans doute une allusion au problème qui agite actuellement l'Église de France à propos de la possibilité, donnée par motu proprio, il y a un an, le 14 septembre, de célébrer la messe selon le rite préconciliaire en latin. Le Pape devrait encore développer ce thème au cours de son voyage, mais dans l'avion, vendredi matin, il a donné un message clair en appelant ceux qui ne comprennent pas cette mesure à «un acte de tolérance». En sortant de la cathédrale, des milliers de jeunes attendaient Benoît XVI. Il n'a pas hésité, dans l'esprit des JMJ de Sydney, à leur délivrer un message exigeant et extrêment applaudi sur le thème de «l'Esprit saint» et de «la Croix». Ils ont pu le méditer au long d'une veillée et d'un «chemin de lumière», au milieu de la nuit, jusqu'au lieu de la messe de ce jour.

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