28 luglio 2007

Il nostro amico Ruedi ci fa un regalo straordinario: la traduzione dell'intervista di Mons. Georg Gänswein!


Intervista integrale a Mons. Georg Gänswein (traduzione completa in italiano)

Intervista a Mons. Georg Gänswein (versione originale, in tedesco)

Süddeutsche Zeitung – 27 juillet 2007
Interview de Mgr Georg Gänswein par Peter Seewald

„Le Pape est toujours habillé de blanc, aussi en regardant la télévision“

Quand on a l’occasion unique de parler avec le secrétaire privé de Benoît XVI, on peut aussi aborder des choses tout à fait de ce mode, car en fin de compte Georg Gänswein habite avec le Pape dans un genre de «communauté d’habitation».

PS : Monseigneur, comment va le Pape ?

GG : Il va bien, il se sent bien, travaille beaucoup avec une grande vitesse.

Est-ce qu’il utilise le vélo d’appartement que lui a prescrit son médecin Buzzonetti ?

Ce vélo se trouve chez nous dans l’appartamento privato.

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Il est gentiment là : prêt à être utilisé.

En son temps, le cardinal Ratzinger souhaitait se retirer, qu’il se sentait épuisé.

Avec l’élection en tant que Pape, il s’est passé quelque chose à quoi il n’a pas aspiré et qu’il n’a pas voulu. Mais– quand il s’est par la suite petit à petit inséré dans la Volonté de Dieu - je suis convaincu que la Grâce de la Fonction a laissé et laisse des traces visibles dans la personne et dans l’action.

Comment avait-il réagit à la décision d’élection ?

J’ai rejoint la chapelle sixtine au moment où un cardinal après l’autre s’agenouillait devant le Pape pour lui promettre obéissance. Son visage était presque aussi blanc que la soutane blanche et son pileolus sur la tête. Il avait l’air extrêmement affecté.

Qu’est qu’il vous a passé par la tête en ce moment ?

C’était comme une tempête tourbillonnante, trouver des pensées claires absolument impossible. Aussi les jours suivants, c’était comme un tsunami.

Et quand avez-vous su que votre vie allait changer radicalement ?

C’était ainsi : Lors de l’hommage, quand c’était mon tour après les cardinaux, je disais :
« Saint-Père, je vous promets mon obéissance, ma fidélité, mon engagement en tout ce que vous exigez de moi. Je suis à votre disposition avec toutes mes forces sans limitation.

Et la réponse ?

Il me regardait, acquiesçait de la tête et remerciait.

Est-ce que votre salaire a-t-il changé ?

Je ne gagne ni plus ni moins qu’avant. La seule différence est que l’adresse sur mon décompte-salaire a changé.

Le fils d’un forgeron venant d’un village de 450 âmes dans la Forêt-noir qui voyage à côté du Saint Père en hélicoptère et partage les soucis de l’Eglise du monde – est-ce qu’on se demande là : Pourquoi moi ? Que veut Dieu de moi ?

En effet, exactement cette question je me la suis posée – et pas seulement une fois. C’est une tâche qui n’est pas planifiable. En promettant au Saint-Père fidélité et obéissance, j’ai essayé de répondre à la question. En cela, personnellement j’y vois moi aussi un signe du doigt de Dieu, me mettant face à cette tâche sans retenues.

Probablement êtes-vous le premier secrétaire d’un pape de l’histoire de l’Eglise qui se trouve lui-même à côté du pontifex dans le point de mire du public : des magazines people adorent le « sunnyboy en soutane » ; selon la Schweizer Weltwoche vous seriez sans contestation l’homme en talar le plus beau qu’on pouvait voir au Vatican… Donatella Versace vous a même dédié une ligne de mode. Etes-vous dérangé par votre image en tant que « coqueluche des femmes » ?

Je n’en ai pas rougit, cela m’a un peu irrité. Ce n’est pas blessant et d’abord ça m’a aussi flatté, ce n’est pas un péché. Auparavant, je n’ai jamais était confronté si frontalement et directement avec ma coquille. Puis, j’ai remarqué que cela est la plus part du temps une expression de sympathie : un bonus, non pas un malus ; on peut bien s’en accommoder. Cependant, je souhaiterais aussi, qu’on ne reste pas à l’aspect extérieur, mais que l’on prenne aussi connaissance de la substance sous la coquille.

Recevez-vous des lettres d’amour ?

Oui, ça arrive de temps à temps.

Vous parliez une fois de « l’envie cléricale ».

Je disais cela en relation avec des expressions qui médisaient de moi : « Celui-ci veut gagner du pouvoir, il veut se mettre au premier plan » et des choses semblables. Il y a eu et il y a des potins bêtes et négatifs, des fois on ment carrément. Mais, je ne m’en soucis plus.

Aussi depuis le Vatican ?

Le Vatican est aussi une « Cour d’ Etat» et il y a également des potins de cour. Mais il y a aussi des flèches qui sont tiré, très consciemment et ciblées. J’ai d’abord dû apprendre à faire avec.

Il paraîtrait que vous êtes à disposition pour le siège vacant de l’évêché de Munich.

Ce sont des « œufs non pondus ». Librement inventé, tiré par les cheveux.

Personne ne pensait qu’il était possible qu’un successeur à un « Pape d’un millénaire » tel que Karol Wojtyla puisse réussir si rapidement. Maintenant, tout est différent. Pas seulement que Benoît XVI attire le double de visiteurs, que ses écrits atteignent des éditions par millions. Papa Ratzinger est entre temps reconnu comme un des penseurs les plus significatifs de notre présent. Et contrairement à son prédécesseur il n’est guère critiqué. Qu’est-ce qu’il a, que d’autres n’ont pas ?

Le fait d’être Pape donne naturellement une plus grande accessibilité, une plus grande efficacité (possibilité d’action) et aussi une plus grande force de pénétration. Un connaisseur de la scène romaine disait une fois pendant le voyage du Pape en Bavière : « Jean-Paul II a ouvert les cœurs, Benoît XVI les rempli. » En cela, il y a beaucoup de vrai. Le Pape atteint les cœurs des hommes, il s’adresse à eux, mais il ne parle pas de lui, il parle de Jésus Christ, de Dieu, et cela d’une manière vivante, compréhensible, convaincante. C’est cela que les hommes cherchent. Benoît XVI offre de la nourriture spirituelle.

Est-ce que Jean-Paul II voulait que la cardinal Ratzinger devienne son successeur ?

Sur cela, il fut beaucoup spéculé. Je ne le sais pas.
En tout cas, malgré les demandes réitérées de Ratzinger de démission en tant que préfet de la congrégation pour la foi, il ne lui a pas accordé le congé de sa fonction.

Considérez-vous cela en tant que « argumentum e silentio », en tant que conclusion à partir du silence ?

C’est possible. Il est vrai que le Pape Jean-Paul II a souvent dit à des proches collaborateurs : « je voudrais garder le cardinal Ratzinger, j’en ai besoin de lui en tant que tête théologique ». De cela, il serait possible de déduire quelques choses…

C’est devenu plus tranquille au Palazzo Apostolico. Benoît XVI a notablement réduit le nombre des audiences et rarement des hôtes à table. Est-ce que ça signifie que l’on travaille moins, justement sous un allemand ?

On ne travaille pas moins, mais d’une manière plus concentré. Le Pape est un travailleur stricte et rapide. Pour cela il a besoin de temps : pour lire, pour étudier, pour prier, pour réfléchir, pour écrire. Cela n’est possible que grâce à une organisation stricte, si l’on change des choses ou les supprime en faveur du plus important.

Est-ce que cela veut dire que son prédécesseur a été un peu dépassé sur le plan conceptuel (de l’organisation)?

Absolument pas. Avec Jean-Paul II, en comparaison avec des pontificats antérieurs, tout est monté en superlatifs. Pensez seulement au nombre d’audiences, de voyages, de documents, de célébrations liturgiques, ou bien aussi les saintes messes matinales dans la chapelle privée des papes, à lesquelles ont été toujours invitées de nombreuses personnes. Cela coûte jour après jour énormément de temps, que l’on doit épargner. Pour Benoît XVI, un tel rythme serait impensable. Après tout, Jean-Paul II n’est pas devenu Pape avec 78 ans, mais à 58.

A la fin de l’ère Wojtyla, pas mal de choses sont restées en plan.

C’est un secret de polichinelle, que le Pape Jean-Paul II ne s’est pas beaucoup soucié de la Curie romaine. Ce n’est pas une critique, simplement un fait. Le Pape actuel a travaillé les dernières 23 ans à la place la plus importante de la Curie. Il la connaît mieux que quiconque. Ceci est pour lui une expérience unique et un immense avantage.

Est-ce qu’un Pape peut avoir des problèmes avec la Curie ?

Un regard dans l’histoire montre : oui cela peut arriver. Un point de faiblesse est certainement l’indiscrétion. Malheureusement c’est ainsi, qu’il y a toujours des endroits perméables en ce qui concerne des nominations, l’élaboration de documents, des mesures disciplinaires etc. Ce n’est pas seulement fâcheux. Cela entraîne aussi le danger, qu’il est possible d’exercer consciemment de l’influence de l’extérieur, qui entraîne de l’irritation. Un autre point, partout où une composition internationale œuvre dans la Curie romaine, existent des mentalités différentes, des styles de travail, des représentations, des temps et des caractères personnels qui s’entrechoquent. Il arrive que cela provoque des étincelles.

En fin de comptes, est-ce le Pape est maître des processus ?

En avez-vous des doutes ? Le Pape reçoit régulièrement ses collaborateurs les plus importants en audience. Jour après jour, semaine après semaine. En plus, les responsables des dicastères viennent en audience à une fréquence régulière. Cela garantit d’une manière institutionnalisée non seulement le contact personnel nécessaire, le flux d’informations important, mais aussi l’échange indispensable pour les deux côtés. Le Pape écoute, demande conseil, réfléchit, décide.

Joseph Ratzinger est-il rapide dans l’étude des documents ?

Rapide comme la foudre (foudroyant), et il a une mémoire d’éléphant.

Quelques uns critiques, le Pape serait dans une sorte de « splendid isolation » dans une cage doré ; qu’il serait impossible à l’approcher.

C’est une bêtise. Tous les matins, il y a les audiences privées, les après-midi les rencontres de travail avec les collaborateurs les plus proches. Et cela six jours par semaine. En sus, il y a beaucoup de rencontres à l’intérieur et à l’extérieur des murs du Vatican. Cage doré ? Bien sûr que non ! Il se peut que cela cache aussi une critique à mon égard, que je protège trop le Pape. Totalement exagéré.

Au fond, il est un homme timide. En même temps, il a quelque chose d’inconfortable, de récalcitrant à l’égard de quelque chose de trop courant, contre la bêtise.

Chacun peut se rendre compte, que le Saint Père n’est pas un homme fonceur, mais plus tôt réservé.

Le Pape écrit lui-même tous ses textes importants, aussi le discours de Ratisbonne avec la citation controversée tirée d’un livre historique à propos d’une dispute avec les musulmans.Pourquoi personne n’a relu (vérifié ?) le texte ?

Je tiens le discours de Ratisbonne, tel qu’il a été prononcé, comme prophétique.

Est-ce que l’effroi a été grand quand on a pris connaissance des attaques furieuses du monde musulman ?

Qu’il y a eu quelques réactions grossières, nous l’avons entendu pour la première fois après le retour de Bavière à l’aéroport de Rome. C’était une grosse surprise, aussi de la part du Pape. Le puissant tourbillon était d’abord né de relations journalistiques qui avaient tiré une citation de son contexte et l’avaient présentée comme l’opinion personnelle du Pape.

Dans l’Islam tel qu’il existe réellement, partout où cette religion domine l’état et la société, on piétine des droits humains. La persécution de chrétiens s’est multipliée dramatiquement. Et le président de la République islamique d’Iran vient de déclarer de nouveau que le compte à rebours pour la destruction d’Israël a commencé. Est-ce que la représentation d’un véritable dialogue avec l’Islam n’est pas trop naïve ?

On ne peut pas éluder les tentatives d’islamisation de l’occident. Et le danger pour l’identité de l’Europe, qui y est lié, ne doit pas être ignoré par égard mal compris. Le côté catholique le voit très clairement et le dit aussi. Justement, le discours de Ratisbonne devrait contrecarrer une certaine naïveté (« manière de voir en bleu »). Il est a maintenir qu’il n’existe pas UN Islam ; il ne connaît pas non plus une voix liant tous les musulmans d’une manière obligatoire. Sous cette notion sont réuni beaucoup de courants différents, en partie hostiles, jusqu’aux extrémistes qui se réclament du Coran pour leurs actions et qui oeuvrent avec le fusil. Au niveau institutionnel, le Saint-Siège essaie de nouer des contacte et de mener des dialogues à travers le conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux.

La famille papale au Palazzo apostolico est la communauté d’habitation la plus célèbre : quatre femmes, qui appartiennent aux « memores » de la communauté Comunione e Liberazione, deux secrétaires et le Pape. Ils prient ensembles, mangent ensembles et le soir regardent ensemble la télévision au salon. Comment est Benoît XVI en tant que compagnon d’habitation ?

En effet, la famille papale est une joyeuse communauté d’habitation : deux allemands, un polonais et quatre italiennes qui ne se connaissaient auparavant pratiquement pas. Un premier pas important était de trouver un modus vivendi. La parole juste, le donner juste, le prendre juste, se taire, ne pas se taire. Déjà après peu de temps s’est développé une atmosphère familiale très cordiale. La langue de la communauté d’habitation est l’italien. Le Pape est en fin de compte l’évêque de Rome. Petite correction, à propos de regarder ensemble la télévision : c’est pure phantasme ; le Saint Père et les deux secrétaires ne regardent au maximum que les nouvelles du soir. Le déroulement de la journée est naturellement imprégné par le rythme du travail et des audiences ; mais nous essayons d’y introduire aussi de temps en temps des petits « highlights » personnels.

Highlights ?

Highlights sonne peut-être un peu exagéré. Je pense simplement que des évènements personnelles sont marqués comme il se doit, tels que les fêtes des patrons des noms ou d’autres anniversaires personnels. (jours de mémoire).

Quand vous regardez la télé le soir, le Pape porte-t-il alors des habits privés ?

Non, le Pape est toujours en blanc.

Un Pape doit-il porter des souliers de Prada ?

Doit ? Certainement pas ! Des journalistes ont des phantasmes vivaces.

Le fait-il alors ?

Je reste vous devoir la réponse.

Comme le Pape, vous êtes originaires de conditions simples et tous les deux vous avez grandi dans un village. Qu’est-ce que l’on vous a dépose là dans le berceau ?

Certainement une bonne portion d’un sain naturel frais, qui est un filtre incorruptible contre du malsain, peu importe sous quelle masque il se présente. Un instinct qui aide à distinguer l’authentique du faux.

Vous étiez cinq enfants à la maison, le père forgeron, la mère femme au foyer.

Mon père dirigeait un atelier artisanal de forgerons depuis la septième génération, plus tard s’y est ajouté un négoce de machines agricoles qui n’a cependant pas vraiment apporté beaucoup d’argent. Jusqu’à mes six ans, nous avions encore une petite exploitation agricole. Des fois nous devions beaucoup nous « étirer ». En plus, mon père a été aussi actif dans la politique communale et dans beaucoup d’associations. Le soir il n’était donc que rarement à la maison. Notre mère devait donc porter d’autant plus le devoir et la charge de l’éducation des enfants. Nous cinq enfants avons eu une enfance sans soucis. Naturellement nous nous sommes aussi disputés.

Parce que tout ne se déroulait pas selon la tête de l’aîné ?

En tant qu’aîné j’aurais dû être toujours le plus sage – « le plus sage cède » - mais l’indulgence (le fait de céder) n’était pas forcément mon point fort.

« Born to be wild » était-ce votre truc ?

Peut-être par phases, entre 15 et 18 ans. J’écoutais Cat Stevens, Pink Floyd et quelques autres célébrités de notre temps, parmi eux aussi les Beatles. En ce temps, j’avais une chevelure bouclée très longue. Cela déplaisait à mon père ; alors, il y a eu des disputes à propos des rendez-vous chez le coiffeur et la longueur des cheveux. Plus tard, ça s’est calmé d’une manière très peu spectaculaire.

Où vous étiez-vous positionné politiquement ?

Je ne m’étais jamais particulièrement exposé politiquement. Mes intérêts se portaient en dehors de l’école plus dans la direction du sport, football, ski.

Avec quoi vous avez aussi gagné de l’argent pour les études ?

Non, pas en tant que moniteur de ski, cela je ne l’étais que pour le club de ski de notre village. Travailler pour gagner de l’argent, je l’ai fait en tant que facteur, d’abord à bicyclette dans un petit village de la Forêt-noir, plus tard avec une voiture à la campagne.

Le son original Georg Gänswein : « J’ai des sens sains et qui a des sens sains, les utilise aussi. » Cela s’entend comme de riches expériences avec des filles.

J’ai deux sœur et plusieurs cousines qui m’ont aidé à n’avoir aucune difficulté avec le genre féminin. J’ai grandi tout à fait naturellement, totalement décrispé.

Aviez-vous une relation fixe ?

Pas cela. Il y a eu quelques adorables amitiés de jeunesse.

Vous vouliez d’abord devenir agent de change à la bourse.

Initialement, j’aurais dû reprendre la gestion de l’entreprise de machines agricoles de mon père. Mais à un moment donné, je m’intéressais bien plus à l’agitation de la bourse. Ma représentation était, là on fait beaucoup d’argent et on doit être attentif et rapide. Plus tard, un peu plus mature, est venu le moment, où j’y ai réfléchi un peu plus intensément. Bien, quand je sais faire tout cela et que j’ai de l’argent, qu’arrive-t-il alors ? Et puis quoi alors ? Et après, quoi ? Soudainement, des questions existentielles se sont frayées au premier plan. Ainsi, je commençais à chercher et de cette manière je suis tombé sans le vouloir sur la philosophie et la théologie.

Un processus de longue durée.

Et un pénible. D’abord j’étais immensément attiré par le monde théologique global, la prêtrise ne s’y est ajouté que dans un deuxième pas. Naturellement, le célibat était aussi une question. A un moment donné, je sentais, tu ne peux pas rouler à demi vitesse, ou tu le fais totalement ou tu le laisses. Un peu de théologie, ça ne marche pas. Ainsi, j’allais pas à pas vers la prêtrise.

Une citation d’une de vos homélies lors d’une ordination sacerdotale : « Il t’es permis de savoir que tu as une dignité qui te distingue de tous ceux qui ne sont pas prêtre… Il t’es permis d’avoir la conscience de faire quelque chose de grand, de pouvoir le faire… » Formulé d’une manière assez raide.

Je dirais ces phrases de nouveau sans si ni mais.

Sérieusement ?

Absolument.

Cela sonne aussi un peu romantique.

Je ne trouve pas. Ce sont des paroles qui ont été quittancées par la vie, et là la vie n’était pas romantique. Les phrases que vous avez citées, tirées d’une homélie, peuvent avoir l’air peut-être un peu cérémonieuses sur le papier, mais là derrière il y a une bonne portion d’expérience personnelle, et je ne voulais pas cacher au nouveau prêtre, qu’il a quelque chose de grand devant lui, que cela coûte aussi quelque chose et qu’il doit le laisser lui coûter quelque chose.

En 1984, vous étiez ordonné prêtre, puis vous avez passé deux ans comme vicaire dans la Forêt-noir. En 1993 à Munich, vous écriviez votre dissertation sur « Etre membre de l’Eglise selon le concile Vatican II ». Aviez-vous des moments de grands doutes ?

Après deux ans comme vicaire, j’ai été envoyé à Muniche pour continuer les études ; dans un domaine qu’il ne m’avait pas été forcément donné au berceau : le droit canonique. Après un semestre, j’avais tellement « plein le nez », que je me disais : Maintenant je vais chez l’archevêque et je lui demande de me reprendre dans le diocèse puisque je ne le supporte plus.

Si terrible ?

J’avais toujours étudié volontiers et facilement, mais je trouvais l’étude du droit canonique si sec comme le travail dans une carrière poussiéreuse, où il n’y a aucune bière. On meurt de sécheresse. Le sauvetage est venu de mon « père de doctorat », le professeur de droit ecclésial Winfried Aymans qui m’a choisi plus tard comme assistant. Il m’a beaucoup aidé de me sortir de cette terrible impasse, en étant capable de me montrer de nouvelles perspectives. Cela m’a vraiment beaucoup aidé à ne pas « balancer la cuillère ». Je lui en suis très reconnaissant.

Toujours surgissent de nouveau ces jugements : conscient du devoir, pieux, conservateur ; un homme de la forme et de la sévérité.

Dans le sens « doux dans la forme, sévère dans le contenu » je peux le laisser dire. Quand je tiens quelque chose comme juste je le maintiens. D’accord, la patience n’est pas mon point fort. Des fois, je m’élève assez facilement, ça peut irriter.

Le secrétaire privé du Chef d’une Eglise avec 1,1 milliards de membres, que doit-il savoir faire ?
D
’une certaine manière, il devrait être un généraliste, mais en même temps se rendre compte, qu’il ne peut pas savoir faire tout ; et il ne le devrait pas non plus l’exiger de lui-même. Il doit faire ce que le Pape lui demande, et cela avec toute la force, avec cœur et intelligence.

Au début, y avait-t-il une initiation, par exemple une école pour l’étiquette pontificale ?

Pas du tout. La seule chose qu’il y avait, était un entretien entre quatre yeux avec mon prédécesseur, Mgr Stanislaus Dziwisz, l’actuel archevêque de Cracovie. C’était environs deux semaine après l’élection du Pape et l’emménagement dans l’appartamento. Il me mettait alors une enveloppe entre mes mains, dans laquelle se trouvaient quelques papiers et une clé pour un trésor. Un trésor très ancien, du travail de marque allemand (timbres ?). Il m’a seulement dit : »Maintenant tu as une tâche très importante, très belle mais aussi très difficile. La seule chose que je peux te dire est que le Pape ne doit pas être écrasé par rien ni personne. Comment ça marche, tu dois le trouver toi-même. » Point final. Il n’a pas dit plus. C’était tout comme « école pour l’étiquette papale ».

Et que contenait l’enveloppe ?

Cela je ne vais pas vous le trahir. Ce sont des choses qui sont transmise de secrétaire du Pape à secrétaire du Pape.

Vos fautes (erreurs) du début ?

Je me suis vite rendu compte, que le tempo que je me suis imposé est trop élevé. Démarrer en pole position est une chose, accomplir tous les tours et puis arriver bien au but, une autre.
Démarrage plein gaz, pour ainsi dire ! Maintenant il s’agissait de trouver le bon tempo. Un autre point délicat était la relation avec les innombrables quêtes d’audiences privées et d’autres rencontres, qui tous étaient munies de motivations honorables. Des demandes sans fin – « juste une minute », « seulement une exception », « le Pape me connaît depuis longtemps, cela lui ferait plaisir » - et presque toujours écrit avec beaucoup de « pommade » (excellentes épices). La il fallait trouver (interroger) le système de filtrage juste (adéquat). Il fallait que j’y introduise un filtre plus fort.

De quoi protégez-vous( privez-vous) le Pape ?

De rien de significatif. Tous les écrits et documents officiels, tout ce qui émane de cardinaux et d’évêques, du monde de la politique et de la diplomatie, tout cela je le soumets au Saint-Père lors des discussions (entretiens) quotidiens. Au delà il existe naturellement une masse énorme de lettres, requêtes, demandes, propositions, qu’il ne voit pas, puisqu’il n’en a tout simplement pas le temps. Là il m’est accordé une marge de manœuvre et de discernement de la part du Pape.

Est-ce qu’on essaie de vous instrumentaliser ?

Ça arrive de temps en temps, mais je sais me défendre.

Dans votre position, arrive-t-il que l’on « décolle » ?

C’est plutôt le contraire, c’est à dire qu’on est écrasé. S’il y a un risque (un danger), alors il s’appelle « isolation ». Une fois, des amis ont estimé que je me faisais trop rare, que je me retirais d’eux. Cela était un signal d’alarme ! Et j’ai tout de suite essayé, de dégager du temps libre pour reprendre mieux soin des relations personnelles et des amitiés existantes. Ceci est important pour l’hygiène psychologique (la santé mentale).

Quels effets ce pontificat peut-il avoir ?

Renforcement de la foi et encouragement de la foi – et la conscience, que la foi catholique est quelque chose de grand, un don de Dieu, mais qui n’est pas imposé, mais doit être volontairement, librement accueilli. En plus, il y a des défis actuels auxquels l’Eglise doit se confronter.

Par exemple ?

La question de Dieu, la confrontation (discussion) avec les différentes formes du relativisme, le dialogue avec l’Islam, le renforcement de la propre identité. Le fait qu’un continent tel que l’Europe ne peut pas vivre, si l’on lui coupe ses racines chrétiennes, car avec cela on lui prend son âme.

L’annonce de « l’unité entière et visible » avec les églises orthodoxes a été la première sensation du règne Ratzinger. Est-ce que cela n’est pas une représentation assez illusoire ?

Ceci n’est nullement une sensation, c’est un but déclaré depuis toujours. Le fait, que le Pape formule expressément cette intention, va de soi, lui qui a contribué fortement à imprégner théologiquement ce domaine ces dernières années et décennies. N’oublions pas que les églises orthodoxes sont dans la succession apostoliques et qu’elles ont ainsi un magistère fondé, l’eucharistie, ainsi que les sept sacrements. Ce qui nécessite clarification, est la question du primat et de la juridiction du Pape. Mais c’est un scandale que la chrétienté est toujours divisé. Le rétablissement de l’unité entière dans la foi est certainement un très grand objectif du Pape théologien.

Est-ce que le Pape Benoît, va-t-il modifier (restructurer) la papauté en faveur de l’unité ?

La question est mal posée. On ne peut pas mener l’œcuménisme au frais de la vérité. Un Pape ne peut pas simplement restructurer la papauté afin d’atteindre plus rapidement certains buts. Il s’agit, que la papauté aide à rester juste à l’exigence de la vérité en vue de l’unité.

Un tournant dans les relations de l’Eglise catholique avec Moscou, Constantinople et surtout Pékin modifierait dramatiquement la carte du monde politico-religieux.

Le dialogue œcuménique avec les différentes églises orthodoxes est en plein régime et des progrès considérables ont été atteints. Mais œuvrer pour l’œcuménisme est et reste une confrontation laborieuse. Cela provient aussi du contexte des tensions existantes à l’interne des églises orthodoxes. Constantinople et Moscou marquent deux points délicats. Le monde entier pouvait participer à travers les médias à la rencontre du Pape avec le patriarche œcuménique en novembre passé à Istanbul. Une rencontre avec le patriarche orthodoxe de Moscou manque encore.

Voyez-vous déjà le Pape chez le patriarche russe à Moscou ?

J’espère que l’on arrive à une rencontre, où que ce soit.

En occident, l’Eglise romaine se trouve dans une transformation puissante. Le cardinal de Vienne, Christoph Schönborn, parle déjà d’une alternative à l’église du peuple connue jusqu’à aujourd’hui : « une église de décision » (détermination) à laquelle les fidèles affirment aussi leur adhésion. Le temps de la « pseudo-chrétienté » touche-t-il à sa fin ?

« Pseudo-chrétienté », cela sonne injuste et dépréciant et ne correspond pas non plus à la réalité. Ce que l’on peut percevoir, c’est que des éléments de l’église du peuple fondent et qu’il se forment toujours plus de « noyaux de communautés » ; ce processus est en cours depuis des années. Cardinal Schönborn décrit cela avec la notion d’«église de décision». Qui est chrétien aujourd’hui, veut l’être, se décide pour cela, est plus décidé, peut-être plus décidé que les années précédentes. Et qui ne veut pas l’être, ne l’est tout simplement pas, sans que cela entraîne pour lui des inconvénients quelconques d’ordre personnels, sociaux, politiques ou autres.

Il est frappant que beaucoup de prêtres de la nouvelle génération découvrent les trésors spirituels, culturels et esthétiques de la liturgie traditionnelle. Le nouveau motu proprio « Summorum Pontificum » stipule que chaque prêtre peut célébrer la sainte messe aussi dans le rite antérieur tridentin. Cela provoque-t-il de nouveaux disputes (querelles) dans la Maison ?

C’est le contraire qui est l’intention et le but. Il est souhaité que les disputes soient apaisées et des bifurcations et ruptures soient dépassées. Avec le motu proprio il est ouvert une patrie spirituelle à des fidèles pas peu nombreux. Je suis convaincu, que la lettre du Saint-Père aux évêques, publiée en même temps que le motu proprio, dans laquelle le Pape explicite en détails les motivations du document, offre les clé pour une compréhension juste.

Le philosophe français, René Girard, membre de l’académie française, prédisait une renaissance chrétienne déterminée. Nous nous trouverions déjà à la veille d’une révolution de notre culture. Cette transformation ferait pâlir même la renaissance du 15ème siècle.

Le religieux jouit actuellement d’une attention comme rarement dans les années passées. Après une phase de l’indifférence, on se confronte aujourd’hui de nouveau avec la religion et des questions de foi. Je voie que justement beaucoup de personnes jeunes, qui ont de fait tout ou pourraient avoir tout, se rendent compte : En fait, on peut tout, on peut même détruire le monde – mais on ne peut pas gagner l’âme, quand l’essentiel manque. L’Eglise catholique a des trésor à offrir, que personne d’autre est capable d’offrir, du plus grand et du plus durable que toutes les propositions de salut politiques. Cependant, cela ne se passe pas automatiquement. La foi naît de l’écoute, comme dit St. Paul, elle doit être annoncée.

Déjà après six semaines après la parution, le livre sur Jésus du Pape a atteint 1,5 millions d’exemplaires. On a le sentiment que le Pape ré-habille ce Jésus d’une manière totalement nouvelle.

Le livre sur Jésus est la quintessence d’un homme qui s’est occupé de la figure de Jésus de Nazareth tout au long de sa vie en tant que prêtre, théologien, évêque, cardinal et maintenant Pape. C’est un immense legs (testament) spirituel.

Qu’est-ce que vous estimez particulièrement à cet œuvre ?

Je suis justement en train de le lire une nouvelle fois. Il est écrit aussi profondément que compréhensible. C’est la somme de vie d’une personnalité remarquable (significative). L’œuvre s’inscrit dans la tradition des grands pères de l’Eglise. J’en suis convaincu que ce livre renforce dans la foi beaucoup de personnes, les emmène à la foi, et non pas seulement une certaine couche intellectuelle, mais des hommes de toute origine et formation.

Le théologien Joseph Ratzinger fournit une logique implacable : Ce Jésus est celui qui a tous les pouvoirs, le Seigneur de l’univers, Dieu lui-même, qui est devenu homme. En fait, Jésus devrait déclencher une révolution.

Oui, mais sans effusion de sang.

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Dr. Georg Gänswein, un homme d’une intelligence aiguisée, né le 30 juillet 1956 à Riedern dans la Forêt-noir, aîné de cinq enfants d’un forgeron. Emplois en tant que moniteur de ski et facteur ; étudiant de théologie, prêtre, vicaire, promu à Munich, vicaire de la cathédrale de Freiburg. 1995 appelé à la congrégation à Rome, une année plus tard changement à la congrégation de la foi sous la direction de Joseph Ratzinger. 2005, après l’élection de celui-ci en tant que Pape, Gänswein est devenu son secrétaire privé. Il est chargé de la tâche d’organiser la vie de travail du Pape de telle manière que celui-ci ne croule pas sous les vagues de lettres, échéances et audiences.

3 commenti:

mariateresa ha detto...

ma vi rendete conto? Repubblica e Corriere hanno creato il caso su una domanda, una!!! E c'è tanto di interessante in questa intervista, si sente un uomo profondo, determinato , è un documento molto interessante. Grazie a tutti gli amici e anche a te Raffaella.
Ancora non ci credo, hanno preso solo la risposta a una domanda e hanno avuto la faccia di intitolare che si riapriva il caso di Ratisbona (titolo su Repubblica). Veramente per alcuni sarebbe il tempo di prendere la zappa o per fare l'agricoltore o per scavare un buco e prendervi la residenza.

Luisa ha detto...

La malfedede di certi giornalisti raggiunge delle vette vertiginose!
È possible che non siano colti da un sentimento anche minimissimo di vergogna?
La categoria dei giornalisti sarebbe la sola a poter dire tutto e il contrario di tutto con la semplice scusa di essere giornalista?
Che cosa credevano ? ...che in Italia non ci fossero persone capaci di leggere il tedesco? o hanno un tale disprezzo per i loro lettori da considerarli come delle spugne passive e pigre?
Colti in flagrante delitto di disonestà, triste perchè se continuano così perderanno ogni credibilità presso i lettori seri , attenti e direi adulti.
Gli altri, lo so, purtroppo sono ancora numerosi,e si crederanno informati ripetendo a modo di pappagallo....sapete Don Georg ha detto......

Anonimo ha detto...

Purtroppo, care amiche, dobbiamo prendere atto del fatto che i giornalisti non hanno imparato nulla dalla scivolone (loro, non del Papa) di Ratisbona. Continuano imperterriti a estrapolare frasi ed a usarle come armi. Questa e' la prova piu' lampante che il "caso Ratisbona" e' stato pressoche' costruito ad arte dai media.
R.